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Cunilingus, leur amour..

“Je sais tout faire avec ma langue”: que tu dis, l'ami! Et puis quel intérêt? Le plaisir pur, mécanique, on a de beaux jouets pour cela désormais.

Te regarder de loin t'escrimer sur mon entrejambe, quand je te voudrais en moi.

Ne faire plus qu'un, fusion torride..

Sentir la chaleur du corps de l'autre, se mêler dans la sueur.

Retrouver le corps soeur perdu. Confondre bras et jambes, peau contre peau, peau dans ma peau, nerfs à vif.

Oublier la différence, l'indifférence, les contradictions. Oublier l'image du fantasme type, aimer tout et tous, régénérer l'imaginaire désillusionné.

Laisser place à la sensualité. La brutalité bienvenue se métamorphose en tendresse, quand dans le regard l'animal se révèle.

Accepter de n'être plus qu'un corps, toujours façonné par la vie. Que deviennent donc l'intelligence, la sensibilité, dans l'urgence de la reproduction compulsive, dans ce besoin de procréer pour ne pas mourir, de s'accoupler pour être deux, deux face à la déchéance et au rejet?

Le plaisir? Pour quoi faire? Le besoin dicte les règles du jeu. Manger quand on meurt de faim, est-ce un plaisir? C'est la cessation d'un manque douloureux. C'est la sensation d'exister en mourant de la petite mort, celle qui fait renaître aux sens, à la beauté.

La volupté. La tension d'une existence sans but préétabli qui se réveille pour s'apaiser dans la moiteur d'un drap partagé.

Tes mains dans mon dos, sur mes fesses, tes lèvres sur ma nuque, ton souffle dans mes cheveux trempés, nos membres enchaînés, ne te retire pas! Qu'est-ce que la jouissance, quand dans mon ventre la vie existe, enfin?

Courir de soirées en soirées, de discours en foutaises, mais enfin, le trouver, ce vide comblé, au fond de moi, du fond de toi.

Ton sexe sans tes phalanges, ta bouche sans tes cuisses? L'harmonie se fait nécessaire à ma délivrance. Prends moi, libère moi, tue moi pour me rendre phénix.

Serpente dans mon corps pour assouvir ma soif, le sperme, la vie, envoûte-moi pour me sauver..

Il y a quelques semaines de cela, je me suis réveillée un matin au doux son d'un message reçu.

Message de mon ex, de qui j'étais sans nouvelle depuis ma dernière razzia sur l'appart' pour récupérer mes affaires.

Le bel ami avait trouvé par la plus extrême des coïncidences, des vidéos de moi circulant sur le net. Des vidéos au contenu potentiellement explicite.

Toute la rage, la frustration d'une relation échouée sur les rives d'une incompréhension réciproque, flottait dans ce message.

Lui, si jaloux, possessif, moi, nymphette à l'égo blessée.

Et je me suis interrogée.

Dans quelle mesure le besoin de me rassurer, de me sentir désirée, a-t-il été un facteur déterminant dans le choix de ma noble “carrière”?

Mon homme me disait je t'aime, mais ne me touchait plus. Avoir 18ans, et faire lits à part.

Avoir 18 ans, et voir le monde défiler sous des yeux encore enthousiastes.

Il voulait me faire des enfants, je voulais l'avoir pour toujours; je voulais qu'il m'accepte, me rassure, me protège.

Il aurait bien voulu, mais..

Mais comment dire: je ne me sens pas prête, pas prête à n'être qu'à toi,pas prête à détourner les yeux de ceux d'un homme qui me désire, pas prête à être heureuse, heureux, à deux.

Je rêve d'aventures.

J'ai fait le tour du monde, j'ai fait le tour de moi, je crois. En stop de grenade à riga, de florence à varsovie, de budapest à prague. En stop sur des aires d'autoroutes, en stop émotionnel, d'un point confus à un non défini.

La jalousie m'a questionnée: est-il vrai que ce besoin de plaire serait incompatible avec un amour duel?

La peur de perdre l'Autre doit elle pousser à la possessivité? Etre à l'Autre, est-ce un strict rapport de soumission? Pour se donner, ne faut-il pas avoir quelque chose à donner? Un vécu, des idées, des désirs, des regrets?

Etre jaloux: manquer de confiance en l'Autre, ou en soi? Quand il la prend dans ses bras, je crains qu'il ne l'y garde. Mais s'il l'y garde, au delà de ma peine infinie, ne sera-ce pas la preuve de notre imperfection? Pourquoi tenter de garder de force un être qui serait plus heureux sans nous? Pour ne pas être seul? Comment peut on aimer quelqu'un qui ne nous aime pas? L'amour est-il nécessairement réciproque?

Aimer, c'est donner. Aimer, c'est prendre par le don. Prendre de la tendresse, de la confiance, de la sécurité.

Le Lysis nous apprend qu'on peut aimer un être qui nous hait, mais dans quelle mesure s'agit-il alors d'Amour? Du respect, de l'admiration, du désir; mais de l'Amour? J'aime ma cousine, mais n'exige pas d'elle l'exclusivité sentimentale, qui plus est corporelle.

Aimer, c'est regarder à deux dans la même direction. Fort bien. Mais si la direction en question réside dans le décolleté d'une autre, dois-je fermer les yeux, y regarder aussi, ou détourner les siens? Résignation, triolisme, possessivité.. Mouaif.

Avoir confiance en soi assez pour en avoir en l'autre, distinguer sexualité et sentiments.. Mon travail me l'apprend au quotidien.. Et pourtant..